I Don’t Want to Die in my Office / Je ne veux pas mourir dans mon bureau
Retirement and life after academia / La retraite et la vie après la carrière universitaire
La version française de ce texte figure ci-dessous
Growing up as an “academic brat”, the son of a university professor, I learned early on that academia can be a life-long journey.
More than a job, being a professor is a career that lasts 30, 40 or even 50 years. My father is in his late 70s and still active in research and teaching, writing grants, supervising graduate students, travelling to conferences and doing fieldwork – and he’s loving it! He will stay a professor to the very end, because for him retirement is unimaginable.
For many colleagues, myself included, academia becomes a core part of our personal identity. It’s not surprising, because we spend so long just getting there – studying, learning how to do research and teach, obtaining the PhD, getting that first academic position, and then building our careers. We define ourselves as professors, as researchers, as educators… as academics. Imagining something else may be impossible, or at least very difficult. So, the idea of retirement may be anathema, because it involves a renunciation of this core identity.
As department director, I have the great pleasure to recruit new professors, and to mentor junior and mid-career colleagues as they progress through their careers. More recently, I have been supporting senior colleagues as they retire, either directly or through a gradual transition. These senior colleagues often transition to an adjunct professor status so they can wrap-up ongoing projects, support their graduate students completing their theses, and continue with academic activities during their retirement. Some, like my father, will stay active professors (there is no obligatory retirement) because research or teaching is their passion, an important place for meaning, and a powerful reason to get up every morning.
While I am passionate and even obsessive about many things, with my wife, who is also a professor, we decided that retirement was not only desirable, it was the next logical step. Obviously, the future is uncertain, but baring major health concerns, there’s every reason to expect another 20-30 years of retirement to watch my son follow his own journey as an adult, to take all the trips that my wife and I never had time to do while we were busy professors, and to explore other opportunities.
Hired in 2005, I will have spent more than 30 years as a professor when I reach the (current) retirement age of 65. At this point, still 14 years out, I don’t see myself continuing academia beyond that time. But this decision is in no way a renunciation of my chosen career – I truly love being a professor! – nor is it a critique of the choices of other colleagues (or my father) who continue in academia well into the their 70s or even older.
I imagine that at some point I will no longer be as productive as I want, or not making a difference in my chosen areas. Or I will have said all that I wanted to say, built those structures that I wanted to build, and made the changes that needed making. A clear sign that I need to retire will be when I’m no longer able to keep up with and supervise my graduate students in their innovative research, something I will greatly miss.
What becomes, then, of my academic identity that was so fundamental to who I am, over so many years?
An insight comes from my experience within academia. My work and roles have changed over the years, as too has my sense of who I am as a professor. I’ve moved from focusing on research and teaching to knowledge transfer and public outreach, and more recently, to administration. These changes have shown that my identity is always evolving, always being reconstructed – something that I foresee continuing after I leave the university.
I honestly have no idea what I’ll do in retirement. Probably some consulting (policy, expert advice), volunteer to do career mentoring (something I’ve always loved), or anything else that catches my fancy. I’ll cross that bridge as I get closer to the end of my academic journey.
What I know for certain is that I do not want to die in my office – and that there will be life after academia.
Comme fils d’un professeur d’université, j’ai appris très tôt que le monde universitaire peut être un voyage qui dure toute la vie.
Plus qu’un emploi, le métier de professeur est une carrière qui dure 30, 40, voire 50 ans. Mon père a plus de 70 ans et est toujours actif dans la recherche et l’enseignement, rédigeant des bourses, supervisant des étudiants diplômés, se rendant à des conférences et effectuant du travail sur le terrain – et il adore ça! Il restera professeur jusqu’à la fin, car pour lui la retraite est inimaginable.
Pour de nombreux collègues, y compris moi-même, le monde universitaire est au cœur de notre identité personnelle. Ce n’est pas surprenant, car nous avons passé beaucoup de temps à y parvenir – étudier, apprendre à faire de la recherche et à enseigner, obtenir le doctorat, décrocher le premier poste universitaire, puis bâtir notre carrière. Nous nous définissons comme des professeurs, des chercheurs, des éducateurs... des universitaires. Imaginer autre chose peut être impossible, ou du moins très difficile. L’idée de la retraite peut donc être un anathème, parce qu’elle implique un renoncement à cette identité fondamentale.
En tant que directeur de département, j’ai le grand plaisir de recruter de nouveaux professeurs et d’encadrer des collègues débutants ou en milieu de carrière. Plus récemment, j’ai soutenu des collègues seniors qui prenaient leur retraite, soit directement, soit par le biais d’une transition progressive. Ces collègues seniors passent souvent à un statut de professeur adjoint associé afin de pouvoir terminer les projets en cours, soutenir leurs étudiants diplômés qui terminent leur thèse et poursuivre leurs activités académiques pendant leur retraite. Certains, comme mon père, resteront des professeurs actifs (il n’y a pas de retraite obligatoire) parce que la recherche et l’enseignement sont leur passion, une source importante de sens et une puissante raison de se lever chaque matin.
Bien que je sois passionné et même obsessionnel pour beaucoup de choses, avec ma femme, qui est également professeure, nous avons décidé que la retraite n’était pas seulement souhaitable, mais qu’il s’agissait d’une prochaine étape logique. L’avenir est évidemment incertain, mais à moins de problèmes de santé majeurs, il y a toutes les raisons de s’attendre à 20 ou 30 ans de retraite supplémentaires pour regarder mon fils suivre son propre parcours d’adulte, pour faire tous les voyages que ma femme et moi n’avons jamais eu le temps de faire lorsque nous étions des professeurs occupés, et pour explorer d’autres opportunités.
Engagé en 2005, j’aurai passé plus de 30 ans en tant que professeur lorsque j’atteindrai l’âge (actuel) de la retraite, soit 65 ans. À ce stade, soit dans 14 ans, je ne me vois pas poursuivre mon activité universitaire au-delà de cette date. Mais cette décision n’est en aucun cas un renoncement à la carrière que j’ai choisie – j’aime vraiment être professeur! – Il ne s’agit pas non plus d’une critique des choix d’autres collègues (ou de mon père) qui poursuivent leur carrière universitaire jusqu’à 70 ans, voire plus.
J’imagine qu’à un moment donné, je ne serai plus aussi productif que je le souhaite, ou que je ne ferai plus la différence dans les domaines que j’ai choisis. Ou bien j’aurai dit tout ce que je voulais dire, j’aurai construit les structures que je voulais construire et j’aurai apporté les changements qui s’imposaient. Un signe clair que je dois prendre ma retraite sera que je ne serai plus en mesure de suivre et de superviser mes étudiants diplômés dans leurs recherches novatrices, ce qui me manquera beaucoup.
Qu’adviendra-t-il alors de mon identité académique, qui a été si fondamentale pour moi pendant tant d’années?
L’expérience que j’ai acquise au sein du monde universitaire me permet de répondre à cette question. Mon travail et mes fonctions ont évolué au fil des ans, tout comme ma perception de ce que je suis en tant que professeur. Je suis passé de la recherche et de l’enseignement au transfert de connaissances et à la sensibilisation du public et, plus récemment, à l’administration. Ces changements ont montré que mon identité est toujours en évolution, toujours en reconstruction, et je pense que cela continuera après mon départ de l’université.
Honnêtement, je n’ai aucune idée de ce que je ferai à la retraite. Probablement un peu de conseils (politique, avis d’expert), du bénévolat pour faire du mentorat de carrière (quelque chose que j’ai toujours aimé), ou toute autre chose qui me plaira. Je franchirai ce cap lorsque j’approcherai de la fin de mon parcours universitaire.
Ce que je sais avec certitude, c’est que je ne veux pas mourir dans mon bureau et qu’il y aura une vie après l’université.