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Mar 28, 2023·edited Mar 28, 2023

J'ai eu le regret d'avoir un directeur de thèse qui était non seulement absent, mais également flou et inconsistant dans ses directives.

Après 1 000 pages écrites et réécrites, un premier dépôt après 7 ans et trois ans de délais supplémentaires pour m'ajuster à ses demandes substantielles de changements épistémologiques et de forme contradictoires aux ententes verbales antérieures, il ne m'a jamais accompagné vers la soutenance. Il s'y est même ouvertement refusé.

J'ai certes une part substantielle de responsabilité, car je m'étais engagé dans une thèse casse-cou multidisciplinaire, muliprotocolaire et multiobjectale. Il faut dire néanmoins que le programme d'études dans lequel j'étais inscrit était expérimental et justement multidisciplinaire, et qu'on nous invitait initialement à aller en ce sens. Le fait d'être en même temps jeune professeur adjoint et ambitieux et père particulièrement présents auprès de 4 jeunes enfants, n'a pas aidé à ce mélange nitroglycérique.

Cela dit, le problème de fond est que mon directeur voulait foncièrement une Thèse d'État classique et monodisciplinaire en science politique, comme dans l'ancien temps, mais qu'il m'a néanmoins laissé faire dans une aventure multidisciplinaire conjuguant culture, communication, historiographie, science politique, sociologique et cartographie mentales et épistémologiques, sans qu'il soit à un seul moment véritablement convaincu de ma démarche. Il n'avait pas trop de choix car il était devenu directeur du programme multidisciplinaire dans l'intervalle. Mais à chaque livraison de manuscrit, il corrigeait donc mon tir vers son idéal par des demandes de changements qui sapait chaque fois les bases du travail de recherche terrain.

Sa dernière demande après 10 ans de rédaction fut de réduire des deux tiers l'analyse du terrain, car les "longues thèses ne sont plus à la mode" et "qu'on n'est pas très thèse terrain en France" (c'est pourtant lui qui voulait 1000 pages au début !), de faire essentiellement théorique (et d'enrichir conséquemment et substantiellement la partie sociopolitique), de laisser tomber l'approche cartographique et culturelle (néanmoins pivots de ma démonstration) et de substituer l'analyse chomskiste de la communication pour une lecture plus sociologique de type bourdieusienne ou crozienne. Bref, une autre commande complètement que sur ce quoi je travaillais depuis une décennie. J'ai jeté l'éponge.

Comme il était devenu l'instance décisionnelle du programme d'études, d'une part, et que ma thèse était trop éclectique d'autre part, je n'ai ni pu faire appel auprès de l'institution ni transférer mon travail vers une autre institution. J'ai appris plus tard que presqu'aucun étudiant de ce programme d'études multidisciplinaires n'avait pu soutenir de thèse et que celui-ci était devenu monodisciplinaire depuis, strictement science politique.

Depuis je dis à qui veut l'entendre qu'une bonne thèse est une thèse 1) finie, 2) courte et simple, 3) et dont les forme, longueur et contenu sont profondément et clairement consensuellement entendus entre l'étudiant.e et son.sa directeur.trice.

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