A Glass Half Full or Half Empty? / Un verre à moitié plein ou à moitié vide?
Optimist, pessimist or pragmatist / Optimiste, pessimiste ou pragmatique
La version française de ce texte figure ci-dessous
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Whether the glass is half full or half empty is obviously a question of perspective. What’s important is what you do with the glass. Do you drink? Do you offer it to a friend? Do you look through the glass and see a world transformed?
I’m an indefatigable optimist who sees the best in people and believes that both people and the organizations in which they work can change, and for the better. But I’m also a realist and understand that changing individual, collective or organizational behaviour can be very hard, and that any change will take lots of time and energy, and not always be possible.
Nonetheless, telling critical and even negative stories is important in bioethics. Part of our role as bioethicists – and our strength, I would argue – is to clearly name the ethical problems that we see in our society (identification), with precision and nuance, in order to better understand their scope and nature and clarify the implications for patients, health professionals, decision makers, etc. (evaluation). Only once we’ve named a problem can we then propose remedies or avenues for improvement (management).
And at the most extreme, bioethicists have the professional obligation – because we have the capacity – to call out injustices and lay blame where warranted, raising awareness and pushing for broader social change.
Like other very public bioethicists and academics, I’ve done my share of critique (often in the media) regarding health technologies, health systems management, conflicts of interest, or the recent COVID pandemic, amongst others. But the negativity of critique can also weigh us down, especially if we spend too long tilting at windmills or “fighting the good fight”, but not seeing any real change.
Despite being an optimist, I also have a tendency to slide into cynical critique about systems and structures that do not change, because they’ve been the subject of much of my academic work. But I recognize that this negativity often occurs when I’m tired, overburdened, and in need of rest. It was at its worst when I was close to burnout, which is not surprising… there are few possibilities visible when one is feeling overwhelmed.
In a world that seems to be ever more on the edge of disaster – whether it’s climate change, local or global conflicts, urban violence – it’s easy to see things as hopeless. But this “glass half empty” view leads to defeatism and disengagement, and to a civic disempowerment that only serves the interests of those in power.
We also need to tell positive stories, to see the “glass half full”, if we are to have the energy and will to work for real change. We can share in the successes of our students and colleagues, we can marvel at incredible social or technological innovations, and we can valorize the small and the big initiatives that are making the world a better place. In finding – and sharing – examples of kindness, solidarity, and altruism that “make a difference”, no matter how big or small, we show that there is hope for humanity and society, even (or especially) when things seem bleak.
But we must also be wary of naive optimism because that too can lead to passivity – “someone else we solve the problem, without me”. The big challenges facing our world, and which have been the subject of bioethics and other academic study for decades, are complex and multifaceted and so don’t lend themselves to simple or quick solutions.
As the joke goes, the optimist sees the glass as half full, the pessimist sees the glass half empty, while the pragmatist is having a drink. And to this I would add: the cynic sees the glass as broken due to a wide-ranging neoliberal conspiracy by big industry to undermine the foundations of democracy.
I prefer to be optimistically pragmatic or pragmatically optimistic. The glass can be refilled, and we can and should experiment with different contents and uses. Not all experiments will taste good or be useful, but some may be unexpectedly enjoyable and rewarding.
Positive stories can be uplifting and inspirational, enabling us to dream and giving us ideas of places where we can act to make a difference. Let’s tell more positive stories.
Version audio
Que le verre soit à moitié plein ou à moitié vide est évidemment une question de point de vue. Ce qui est important, c’est ce que vous faites avec le verre. Le buvez-vous? L’offrez-vous à un ami? Regardez-vous à travers le verre et voyez-vous un monde transformé?
Je suis un optimiste infatigable qui voit ce qu’il y a de mieux dans les gens et qui croit que les gens et les organisations dans lesquelles ils travaillent peuvent changer, et pour le mieux. Mais je suis aussi réaliste et je sais qu’il peut être très difficile de changer les comportements individuels, collectifs ou organisationnels, et que tout changement prendra beaucoup de temps et d’énergie et ne sera pas toujours possible.
Néanmoins, raconter des histoires critiques, voire négatives, est important en bioéthique. Une partie de notre rôle en tant que bioéthiciens – et notre force, je dirais – est de nommer clairement les problèmes éthiques que nous voyons dans notre société (identification), avec précision et nuance, afin de mieux comprendre leur portée et leur nature et de clarifier les implications pour les patients, les professionnels de la santé, les décideurs, etc. (évaluation). Ce n’est qu’une fois le problème nommé que l’on peut proposer des remèdes ou des pistes d’amélioration (gestion).
Enfin, à l’extrême, les bioéthiciens ont l’obligation professionnelle – parce qu’ils en ont la capacité – de dénoncer les injustices et de jeter le blâme là où c’est justifié, afin de sensibiliser l’opinion publique et d’encourager un changement social plus large.
Comme d’autres bioéthiciens et universitaires très publics, j’ai fait ma part de critiques (souvent dans les médias) concernant les technologies de la santé, la gestion du système de santé, les conflits d’intérêts ou la récente pandémie de COVID, entre autres. Mais la négativité de la critique peut aussi nous peser, surtout si nous passons trop de temps à nous battre contre des moulins à vent, à “mener le bon combat” sans voir de réel changement.
Bien qu’optimiste, j’ai aussi tendance à glisser vers une critique cynique des systèmes et des structures qui ne changent pas, parce qu’ils ont été le sujet d’une grande partie de mon travail universitaire. Mais je reconnais que cette négativité se manifeste souvent lorsque je suis fatigué, surchargé et que j’ai besoin de repos. Elle était à son comble lorsque j’étais proche du burnout, ce qui n’est pas surprenant... il y a peu de possibilités visibles lorsqu’on se sent débordé.
Dans un monde qui semble toujours plus au bord de la catastrophe – qu’il s’agisse des changements climatiques, des conflits locaux ou mondiaux, de la violence urbaine – il est facile de voir les choses comme étant sans espoir. Mais cette vision du “verre à moitié vide” conduit au défaitisme et au désengagement, ainsi qu’à une déresponsabilisation civique qui ne sert que les intérêts de ceux qui détiennent le pouvoir.
Nous devons également raconter des histoires positives, voir le “verre à moitié plein”, si nous voulons avoir l’énergie et la volonté d’œuvrer en faveur d’un véritable changement. Nous pouvons partager les réussites de nos étudiants et de nos collègues, nous émerveiller devant d’incroyables innovations sociales ou technologiques, et valoriser les petites et grandes initiatives qui rendent le monde meilleur. En trouvant – et en partageant – des exemples de bonté, de solidarité et d’altruisme qui “font la différence”, quelle que soit leur taille, nous montrons qu’il y a de l’espoir pour l’humanité et la société, même (ou surtout) lorsque les choses semblent sombres.
Mais nous devons également nous méfier de l’optimisme naïf, qui peut lui aussi conduire à la passivité – “quelqu’un d’autre résoudra le problème, sans moi”. Les grands défis auxquels notre monde est confronté, et qui font l’objet d’études bioéthiques et universitaires depuis des décennies, sont complexes et multiformes et ne se prêtent donc pas à des solutions simples ou rapides.
Comme le dit la plaisanterie, l’optimiste voit le verre à moitié plein, le pessimiste voit le verre à moitié vide, tandis que le pragmatique boit un verre. Et j’ajouterais à cela que le cynique voit le verre brisé en raison d’une vaste conspiration néolibérale des grandes entreprises visant à saper les fondements de la démocratie.
Je préfère être optimiste pragmatique ou pragmatiquement optimiste. Le verre peut être rempli à nouveau, et nous pouvons et devons expérimenter différents contenus et utilisations. Toutes les expériences ne seront pas bonnes ou utiles, mais certaines peuvent s’avérer étonnamment agréables et gratifiantes.
I shared your point of view. You give me courage to go on.
Again thanks Professor 😊